Qui dit pauvreté, lutte contre la misère et l’exclusion dit généralement intervention caritative. Enfin reconnue comme une violation des droits fondamentaux par le Conseil Economique et social en 1987 puis par le Parlement européen, la grande pauvreté et le combat pour l’éradiquer n’est non pas seulement une obligation morale comme l’a indiqué le Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies en septembre 2012 mais aussi une obligation juridique, non pas une question de charité mais une affaire de justice et de droit.
Parce que la misère est une violation des droits fondamentaux, ceux qui la subissent ont besoin des professionnels de la justice et du droit pour les faire respecter. Mais s’il est des expériences individuelles heureuses, l’expérience de la justice par les personnes en situation de grande pauvreté est de manière collective celle que décrivait déjà Victor HUGO : « la justice est une menace pour les pauvres au lieu d’être un soutien ».
C’est pourquoi il est apparu nécessaire que magistrats et autres professionnels de la justice se forment à la connaissance des personnes confrontées à la grande pauvreté. Non pas dans le cadre d’une formation au cours de laquelle un savoir théorique serait délivré aux professionnels mais une formation où professionnels et personnes ayant l’expérience de la pauvreté et de la justice entrent dans une démarche de croisement des savoirs, où les savoirs des uns et des autres améliorent la compréhension et la connaissance mutuelles et favorisent la recherche et la formalisation des conditions permettant l’amélioration des pratiques et l’effectivité des droits fondamentaux.
La co-formation qui s’est tenue à l’ENM du 14 au 17 décembre 2015 a été la troisième co-formation organisée par l’Ecole Nationale de la Magistrature et ATD Quart Monde.